Trouvailles d'art ou de science
Daniel Sibony
ex-mathématicien et psychanalyste

Cette question en aval est aussi en amont : quelle part de son existence l'artiste met-il dans son oeuvre? Il fait souvent le va-et-vient entre l'amont et l'aval de l'œuvre. Et c'est peut-être ce mouvement, - où se mêlent incertitude et décision, netteté et confusion - qui subvertit le clivage entre "herméneutique" et "heuristique": une œuvre s'interprète elle-même à mesure qu'elle se crée, et ses auto-commentaires en acte lui font trouver des gestes, des appuis concrets pour aller vers elle-même.
Paradoxe de la création: pendant qu'elle se fait, c'est plutôt une errance, et une fois faite, on peut dire après-coup que c'en était une. Grande est alors la tentation de revenir au processus qui l'a produite pour le comprendre et le reproduire. C'est un leurre, car ce sur quoi on revient n'est qu'une image du processus. On peut le disséquer, le rationaliser, mais l'aspect créatif n'y est plus. De même, raconter une blague en donnant des "infos", chasse le rire.